Issu de la contrainte donnée par les technologies des années 80 et 90, il est maintenant un choix esthétique pleinement assumé et pourvu de ses propres codes et univers. Prenons l'exemple de l'illustrissime Mario. Son apparence a plus été définie par contrainte que par choix esthétique. Le port de la moustache permet de localiser facilement la bouche, la casquette remplace des cheveux trop complexes à animer et la salopette est un habit extrêmement reconnaissable et facile à dessiner. Notre cher plombier est fait de 129 pixels et de 3 couleurs et, de par sa simplicité, est reconnaissable dès la première vue. Il a su toucher le cœur de nombreuses générations et n'a pas fini d'écraser des champignons.
Le pixel art est tout à la fois accessible à tous, par la simplicité du traitement et des outils utilisés, et extremement subtile. Il est un moyen d'expression artistique qui demande une grande maîtrise et de l'expérience tout en préservant l'intuitif et la spontanéité de l'imagination. Son travail en devient passionnant, créer pixel par pixel, trouver la meilleure place pour chacun d'eux. Styliser, simplifier, en cherchant un caractère fort et une identité marquée. La seule limite, l'imagination. Cette simplicité technique rend aussi abordable la création de jeux, que ce soit par des éditeurs ou par des amateurs. Ainsi, malgré les consoles nouvelle génération, des jeux tout en pixels voient encore le jour, dont certains sont des merveilles d'animation et de gameplay. L'arrivée des smartphones et tablettes a contribué au retour en force des jeux tout en pixels.
Le pixel art est un moyen d'expression intéressant pour chambouler nos habitudes créatives, nos approches stylistiques. Les fortes contraintes, comme dessiner avec des carrés, avoir un nombre de couleurs limité, demandent de penser différemment et finissent par libérer la créativité.
Le pixel inspire de nombreux artistes et s'infiltre dans d'autres domaines du design. Par exemple, une partie de la collection automne-hiver 2015 de prêt à porter de luxe, du jeune créateur Maxime Simoens, utilise le pixel comme motif. De même, le pixel s'invite dans les nouveaux billets de banque norvégiens. Sans être complètement intemporel, car lié à une époque bien précise de la fin du XXème siècle, il est revisité par les mouvances actuelles et permet à chaque créatif de se l'approprier et lui donner un nouveau sens.
Je me suis essayé à cet exercice et en voici un aperçu du résultat avec ce petit Chuck. Pour aborder la création pixellisée il est nécessaire de connaître certaines bases. De nombreux sites proposent des tutoriels sur le net.
Ici, pas besoin de logiciels sophistiqués, en soi Paint suffirait, dans le sens où nous n'utilisons que l'outil crayon sur un diamètre de 1px. Notre Chuck est, quant à lui, né de Photoshop. Il existe cependant des logiciels dédiés au pixel art, comme Graphicsgale ou Pro-Motion présentés dans les articles du lien donné plus haut.
Après avoir créé un personnage, imaginé son univers, vient rapidement l'envie de le voir bouger, courir, sauter et, encore mieux, qu'il soit contrôlable d'un mini jeu. La partie ne fait que commencer et est à suivre dans le prochain article.